Depuis l’adhésion de la Pologne à l’UE, le Triangle de Weimar a perdu sa raison d’être et omis de se fixer de nouveaux objectifs. Actuellement, il souffre en outre des fortes divergences entre les intérêts et les valeurs des trois pays. Il faut de toute urgence surmonter ces conflits et définir de nouveaux objectifs, adaptés à la réalité actuelle. C’est seulement à cette condition que la France, la Pologne et l’Allemagne pourront jouer ensemble un rôle constructif et décisif dans l’UE et assumer une vraie responsabilité pour l’Europe.
La coopération au niveau de la culture et de la société civile a complété les liens politiques entre l'Allemagne, la France et la Pologne ces dernières années – sans toutefois les modifier fondamentalement. Les contacts culturels au sein du Triangle de Weimar demeurent trop inexploités. Pourtant ce cadre pourrait favoriser l’émergence d’une conscience commune de l’histoire des trois pays et de leur rôle dans la construction européenne. Pour cela, il faudrait consolider des formes de coopération culturelle pérennes, centrées sur la jeunesse et les acteurs locaux, et favoriser la mobilité entre les trois pays.
Ces dernières années, le potentiel du Triangle de Weimar a été éclipsé par des désaccords. Malgré toutes les tensions politiques et idéologiques, le format reste toutefois utile dans le cadre de la politique européenne. Il pourrait servir à renforcer la capacité d’action, la résilience et la cohésion de l’Union européenne dans la situation mondiale actuelle, mais à condition de considérer les divergences d’opinions existantes comme une incitation à rechercher ensemble des solutions.
Le Triangle de Weimar pourrait apporter un plus à l’Allemagne en termes de politique européenne. Le cadre trilatéral est particulièrement adapté pour obtenir des avancées dans trois domaines prioritaires : assurer la cohésion européenne, renforcer la légitimité de la politique européenne allemande et franco-allemande, et faciliter des processus décisionnels complexes. L’expérience de trois décennies de coopération de Weimar incite toutefois à la prudence. Il ne faut pas surcharger le Triangle, mais lui donner un contenu concret en définissant des priorités ciblées.
Dans la situation actuelle, l’Union européenne a besoin d’un « moteur » élargi et la Pologne constitue un partenaire naturel pour la France et l’Allemagne en Europe centrale. Dans la perspective française, le Triangle de Weimar est un format clef pour les enjeux de sécurité et défense après le Brexit ; il doit également être un outil de coopération économique et industriel pour le « Green Deal » européen ; enfin il est l’un des forums au sein duquel les ambitions géopolitiques d’autonomie stratégique de l’Europe peuvent s’affirmer.
Le Triangle de Weimar a rempli sa mission première : permettre à la Pologne de réintégrer les structures politiques européennes. Toutefois, au cours de ses trente années d'existence, le Triangle n'a joué aucun rôle majeur dans les programmes de politique étrangère de la Pologne, de l'Allemagne et de la France. Et les perspectives d'une éventuelle renaissance de cette structure restent faibles, car les récentes divergences politiques entre les trois pays rendent difficile la recherche d'un consensus sur des mesures politiques concrètes. Le Triangle a néanmoins acquis une dimension sociétale bénéfique en organisant un grand nombre d'actions culturelles et artistiques marquantes qui peuvent et doivent être développées.
Dans le huitième article de la série « Green Deal Reloaded », Pascal Canfin, Président de la Commission de l'environnement du Parlement européen, défend l’idée selon laquelle la législation européenne peut bâtir un chemin crédible pour atteindre les objectifs ambitieux du Green Deal et faire de l’UE une puissance verte à l’échelle mondiale.
Dans le septième article de la série « Green Deal Reloaded », Roderick Kefferpütz, analyste senior au Mercator Institute for China Studies (MERICS), recommande à l'UE en général et au tandem franco-allemand en particulier de poursuivre une politique climatique réaliste à l'égard de la Chine, alliant coopération et concurrence.
Dans ce sixième article de la série « Green Deal reloaded », Camilla Bausch, directrice scientifique et exécutive de l’Ecologic Institute, analyse les opportunités et les défis d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, qui vise à éviter aux entreprises européennes des désavantages concurrentiels liés aux exigences de protection du climat.
Christian Gollier, directeur exécutif de la Toulouse School of Economics (TSE), plaide dans cet article pour un prix du CO2 uniforme, élevé et croissant à l’échelle européenne, afin de faire avancer la transformation écologique de l'économie à la vitesse nécessaire.
Dans le dernier numéro la série de publications « Genshagener Papiere », Florent Marciacq et Tomasz Żornaczuk analysent le rôle de l’Allemagne, de la France et la Pologne à l’égard des Balkans occidentaux – et comment leur coopération dans le cadre du Triangle de Weimar peut renforcer la stabilité, le changement politique et le rapprochement de la région vers l’UE.
Ce prix littéraire franco-allemand a été conçu par La Villa Gillet et la Fondation Genshagen. Cette distinction est décernée tous les ans depuis 2010 avec le soutien du Ministère français de la Culture et de la Déléguée du gouvernement fédéral à la Culture et aux Médias. En 2020, l'écrivaine française Emmanuelle Pireyre (Chimère, éditions de l'Olivier) et l'auteure allemande Lola Randl (Der große Garten, Matthes & Seitz Berlin) et ont été récompensées par le prix Franz Hessel, doté de 10.000 euros. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le dossier ci-dessous.
Wolfgang Lemb, membre de la direction du syndicat IG Metall, et Philippe Portier, Secrétaire National de la confédération CFDT, discutent dans ce troisième article de la série des opportunités et des défis actuels de la « transition juste » en France et en Allemagne. Ils concluent qu’afin d'éviter des ruptures structurelles, les ressources du Fonds de transition juste devraient être considérablement augmentées.
Barbara Praetorius, professeure d'économie et de politique environnementale et énergétique à la University of Applied Sciences for Engineering and Economics (HTW) de Berlin, analyse dans cet article les moyens de préparer l'industrie européenne pour l'avenir grâce à une politique industrielle et climatique ciblée et harmonisée à l'échelle européenne.
Dans cet entretien, les sociologues Yann Le Lann et Sabrina Zajak analysent et comparent les conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur les mouvements pour le climat en France et en Allemagne. Les mouvements pour le climat portent un regard globalement critique sur le Green Deal de la Commission européenne.
Dans cet exposé introductif, Patrizia Nanz et Sébastian Treyer analysent les effets de la crise de la COVID sur les processus de transformation sociale, économique et politique à l’œuvre dans la lutte contre le réchauffement climatique, et formulent des recommandations pour leur opérationnalisation.